dimanche 28 mai 2017

RAS LE BOL !

RAS LE BOL!

lundi 15 mai : George Town

     J’EN AI MARRE, J’EN AI MARRE, J’EN AI MARRE ! j’en ai marre de ce bateau, marre de devoir me tremper les fesses dans mon annexe mouillée, marre de me prendre des vagues dans la tronche pour aller quelque part, marre d’être salée à longueur de journée, marre de devoir fermer le hublot pour ne pas prendre soit une vague d’eau salée sur ma couchette ou de l’eau de pluie sur mon oreiller, marre d’avoir des fringues dégueu qui puent et qui collent, marre d’être poisseuse, marre de devoir faire mon pain si je ne veux pas le payer 9,95 $ (comme aujourd’hui), marre d’aller dans des laveries poireauter des heures devant des tambours qui tournent, marre de chercher le long des routes dans des endroits paumés des WIFI Free dans des bars avec des connections qui rament, marre de faire des aller-retours à pieds chargée comme une mule pour faire des courses ou ramener 50l d’eau en bouteille….marre marre marre… Je veux ma maison (et tout le confort qui va avec), mon lit qui ne bouge pas, ma voiture et des draps qui sentent bon.
     Ce soir je dors dans le carré car ma couchette est trempée ainsi que mon oreiller car le hublot n’était pas bien fermé et un grain a frappé, (erreur de débutante…) après avoir pris cinq vagues en revenant en annexe de chez W4L sous la pluie en plus (délicieux carpaccio de thon, c’est bien le seul truc sympa de la journée…). Bilan : fringues trempées, cheveux trempés, couchette trempée, je vis mouillée…
 Je craque car d’abord je n’ai dormi que 10h ces deux derniers jours… cela n’aide pas à être optimiste et pleine d’entrain. Nous avons navigué deux jours et deux nuits pour arriver aux Bahamas. La nav était longue, chiante, pas de vent, on s’est traîné et nous n’avons pas pu nous arrêter avant comme prévu car plus le temps passait et plus notre heure d’arrivée avoisinait le soir et dans ces endroits il est impossible d’arriver de nuit. Mais bon ça on commence à avoir l’habitude et les nav ne sont plus vraiment un souci. Enchaîner une nuit de plus, non plus, même si en nav ce sont les trois premiers jours les plus durs, le temps de prendre un autre rythme et que le corps et le cerveau oublient celui du « jour-nuit ». Mais cette fois, une petite surprise : au bout de quelques heures de navigation, nous perdons notre position GPS sur le traceur. Plus de position, plus de vitesse, plus d’AIS… Et merde… Heureusement les deux iPad prennent le relais. Nous savons donc quand même où nous sommes et à quelle vitesse nous allons, c’est déjà pas mal. Mais naviguer sans AIS quand on en a l’habitude devient plutôt déroutant. Difficile d’estimer la distance du pétrolier, du cargo ou du bateau passagers en pleine nuit, impossible de connaître leur cap et leur vitesse. Et celui qui me dit « mais si avec les lumières rouges, vertes et celles de l’avant et l’arrière », je l’invite à venir nous rejoindre pour se faire une idée….On a beau éteindre et rallumer, le traceur ne veut rien savoir. Nico nous voit à l’AIS donc on émet c’est déjà ça, reste à voir les autres ! Peut-être trouverons- nous une solution à George Town (Bahamas), sur le papier ça a l’air d’une vraie ville, avec un aéroport… C’est dire !
   Mais une fois le pied à terre , je réalise que ce n’est que sur le papier car pour vous faire une idée, le village de ma grand mère dans les landes à coté d’ici c’est une mégalopole! 
Je craque, je me dis qu’on ne va rien solutionner ici, qu’il va falloir partir à Nassau. Cédric me parle des fournisseurs Raymarine qui sont en Floride (400 Mn aller retour!!!!) : je pleure. Cédric et Nico ont essayé de vérifier les câbles et les connections : rien n’y fait.
   Ce n’est pas si grave en soit et je le sais, mais c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Y’en a mare des pannes, des problèmes, des petites merdouilles qui sont hyper compliquées à résoudre dans des pays qu’on ne connaît pas, où il faut expliquer des soucis techniques en anglais (bien évidemment !), le tout sans pouvoir téléphoner et sans  internet ( ne serait ce que pour trouver des numéros de téléphone ou des adresses). Ce qui est simple en France devient une galère sans nom ailleurs … difficile parfois de rester positif. 
    À cela se rajoute l’inconnu du retour car à ce jour, ce n’est pas la bousculade pour la transat retour. Après neuf mail sur la bourse des équipiers, seulement trois ont répondu de manière négative. Il nous reste encore une piste et deux mail auxquels il faut qu’on réponde. C’est un peu perturbant car s’il n’y a pas de troisième et bien LA troisième ça sera moi, ce que je n’avais pas prévu du tout! Difficile de ramener le bateau à deux (même si mon aide est relative). De plus l’assurance nous demande trois personnes « confirmées ». Cédric m’assure que je suis confirmée puisque j’ai déjà fait une transat … Nico espère qu’ils ne vont pas me faire passer un test de matelotage ! Sacré Nico, toujours le mot pour rire!!!!
    En écrivant ces quelques lignes je partage mon ras le bol, ma fatigue (si si je suis fatiguée même si je sais, je ne travaille pas !), le manque de mes amis  et ma famille à qui je ne peux pas parler comme je le voudrais. Je me sens parfois seule, loin, très loin. Mon téléphone a dû sonner 4 fois en 8 mois et encore au début. Cela fait longtemps… Heureusement Nico et Yaël sont là. Je crois que je n’aurai pas pu faire ce voyage sans leur présence et leur soutien au quotidien. 
        Je me couche soulagée d’avoir hurlé mon énervement et mon ras le bol. La vie sur un bateau n’est pas toujours évidente : la promiscuité, la gestion du quotidien, l’école…Ce n’est pas le Club Med même si ça y ressemble peut-être vu de votre coté…Les émotions sont nombreuses, souvent positives mais aussi parfois négatives, et surtout décuplées. On est souvent à fleur de peau, sans carapace, nous-même sûrement, ce qui nous fait mieux ressentir les choses et les émotions. Les autres autour entendent aussi très bien nos « émotions ». Parfois, les décibels montent bien haut…
    Mais ce voyage c’est aussi et surtout la liberté au quotidien, le bonheur de vivre à son rythme, la découverte de pays et paysages sublimes, la joie des rencontres.

    Je sais que demain ça ira mieux  et j’espère qu’à mon réveil la cabane en bois qui sert de ship se sera transformée en un magnifique magasin hyper bien achalandé avec comme gérant un génie de l’électricité marine… Parfois il suffit d’y croire … 












Mercredi 17 mai  : Black Cay

Hier, de retour dans George Town, cabane en bois ne s'est pas transformée en Ship comme souhaité... Mais un autre un peu plus loin (presque vide!) nous donne des numéros de téléphone sur George Town et à Nassau. retour à pied par 40° au BTC pour acheter du crédit téléphone. Et oui les cartes 3G ne font que de la 3G! Cédric quant à lui a fait tout le tour du mouillage pour tenter de trouver une solution, des infos sur les antennes GPS voire une autre antenne pour faire des tests. René est venu nous aider à tester les câbles d'antenne : tout à l'air OK. Il change une pile dans l'antenne GPS mais rien n'y fait. Un américain qui possède la même antenne et le même traceur nous confirme que si la lumière verte de l'antenne s'allume c'est qu'elle fonctionne bien. Nous avançons mais pourtant cela ne résout rien. Nous décidons de changer d'air car nous ne ferons rien de plus ici à George Town. La décision de monter rapidement à Nassau est prise... 
     Nous allons un peu plus haut mouiller à Black Cay devant une petite plage déserte. C’est beau. Un grain bien noir nous fera quitter la plage en fin de journée 













1 commentaire:

  1. On te reconnaît bien...
    Mais ta force est la persévérance .....
    Crois en ta force... et à la solidarité des marins.
    Bises à vous cinq

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