mercredi 23 août 2017

Talitha est en vente ...

lundi 21 août
   Talitha rentre à la Rochelle. Nous avons finalement pris l'option de mettre notre bateau au port de La Rochelle mais il sera sorti de l'eau pendant la durée du Grand Pavois et de la Mini Transat. Nous n'avions pas prévu de naviguer avec alors finalement ce n'est pas un problème. Nous attendons toujours cependant une place à l'année. Cela devrait se débloquer dans l'hiver, enfin nous espérons bien.  Cédric a fait cette dernière nav  de nuit avec ses copains et cousins Julien, Jéré et Olivier. Retour sans problème sur une mer d'huile avec un petit vent d'est favorable. Une nav facile et tranquille sans même un virement de bord. C'est toujours comme ça dès que je ne suis pas sur le bateau! 
    Je suis allée chercher tout le monde en voiture pour un retour au Cap Ferret dès le lendemain soir. 
Sur le ponton visiteurs, nous croisons un autre Allures 44 qui lui est sur le départ pour une boucle d'un an aussi. Nous bavardons, échangeons, partageons... Cela nous replonge dans notre vie "d'avant" où nous rencontrions des gens, où les échanges se finissaient souvent tard autour de quelques verres...
Mais nous sommes pressés, alors nous écourtons à regret cette rencontre. Malheureusement dans cette vie terrienne il faut se dépêcher , chose que je n'aime plus faire. 
Voilà notre Talitha, notre maison, notre cocon est là sans nous. Il quittera sûrement La Rochelle avec un autre propriétaire car notre bateau est désormais en vente. Tout a une fin. Il faut savoir tourner la page. Nous lui souhaitons en tout cas de repartir, de voyager, de faire rêver une autre famille. Nous avons bien sûr adoré ce bateau mais il n'est pas raisonnable de le garder. C'est un bateau de voyage, il a besoin de repartir pour d'autres aventures. 

Voici le lien vers l'annonce : 

















mercredi 16 août 2017

Welcome Talitha

dimanche 6 août 2017

Nous tournons et virons devant l'entrée des passes depuis ce matin 10h. Je m'affaire à ranger le bateau, notre maison, à faire nos valises et un peu de ménage pendant que Cédric prépare l'annexe. Il la regonfle, installe les roues pour la remonter jusqu'à la maison... Nous avons le sémaphore à la VHF et tout particulièrement Medhi un copain d'Anne et Greg qui nous salue et ne manque pas de les prévenir de notre arrivée. Il faudra attendre 16h pour s'engager dans la passe avec la fin du montant. Les enfants trouvent maintenant le temps long : ils leur tardent de retrouver tout le monde et tout particulièrement les cousins. Nous imaginons très bien l'effervescence de l'autre côté sur le bassin : les amis et la famille sont là pour nous accueillir. Tous ont fait en sorte de mettre leur bateau à l'eau à temps ou à la dernière minute pour  l'arrivée de Talitha. La Cigale doit être  en plein boum ! Tout le monde doit s'activer! Le sémaphore nous dit que des personnes cherchent à nous contacter  : ce sont Franck et Natha qui sont là aussi. Cela fait du bien d'arriver entourés et il commence à nous tarder...
16h. Nous confirmons au sémaphore notre entrée dans la passe. Le vent souffle à 25Nd. La passe est praticable mais très agitée. Cédric reste concentré et surveille son sondeur. Une première porte de franchie , puis une deuxième. Nous avançons au moteur face au vent avec toute les peines du monde à dépasser 3Nd de vitesse. La troisième est enfin passée. Nous sommes sur le bassin. Je confirme cela au sémaphore. Nous guettons les bateaux : personne encore. Il faut dire que les conditions ne sont pas excellentes pour une sortie au banc d'Arguin. Anne nous appelle, elle est sur la plage, déçue,  car partis en Dart avec Greg ils n'ont pas pu nous attendre plus longtemps  : le vent est trop fort pour tenir le cata. Nous continuons à avancer lentement. Et puis en regardant vers la pointe vers chez Hortense, un ballet de petites voiles blanches se dirige vers nous. Le Saxo vert de Clément et Laurène, le Sun 2000 d'Api et Yayo, le Saxo des Rabiou, le saxo de Marie et Jéré, le bateau de Benoit et Karine et la vedette de Franck et Patrick. Les bateaux sont remplis à craquer  : tout le monde est là. Tous les copains et cousins de Ferret, mes parents. C'est très très touchant. Nous sommes très émus. Des banderoles "Welcome Talitha" décorent quelques bateaux. Ils s'approchent de plus en plus et viennent tourner autour de nous. Les uns passent devant , puis derrière  ou sur les côtés. Nous ne savons plus où donner de la tête ni dans quelle direction regarder. Les bras se lèvent, les cris fusent accompagnés de coup de cornes de brume.  C'est juste génial ! Quel accueil, quel enthousiasme de la part de tout le monde. Je sais en plus que vu le clapot et le vent sur le bassin, c'est une véritable épreuve pour certaines. Merci ! Le chaland de Jacques arrive aussi. Nous continuons à avancer escorté par tout le monde. Nous avons l'impression d'avoir gagné le Vendée Globe tellement l'ambiance est géniale!
Que c'est bon d'être à nouveau entourés. Nous nous faisons accompagner jusqu'à notre corps mort. Je n'ai pas intérêt à  le rater devant tout le monde sinon je perd en crédibilité direct! Cédric me stresse avec ça depuis le matin en me disant que la manœuvre va être difficile car le vent nous en éloigne et le courant nous pousse dessus ... J'ai pas vraiment envie de passer une heure à attraper cette bouée ...
Finalement Cédric assure et moi aussi ! Une petite marche arrière d'Oscar finalise le tout : mission accomplie . L'honneur est sauf.  
Nous commençons à nous préparer à descendre l'annexe quand Anne et Olivier arrivent aussi à la voile : c'est fou tout ce monde...
Nous fermons notre bateau. Nous le quittons et nous ne dormirons pas là ce soir. Nous avons un peu l'impression de l'abandonner...Nous sommes dans l'annexe en direction de la plage. Il y a un an nous faisions le trajet dans l'autre sens au petit matin vers Talitha et vers notre rêve.  Nous bouclons la boucle exactement au même endroit un an plus tard. Sur la plage, une haie de personnes alignées nous attends. Ils sont peut-être 30 ou plus petits et grands. La vision depuis notre annexe est magnifique. Les bras s'agitent, les cris nous parviennent et intriguent sûrement les touristes curieux. Tous viennent vers nous nous saluent nous embrassent, nous félicitent, nous serrent dans leur bras. 
Nous sommes revenus! 
La soirée se finira avec tout le monde réuni sur la terrasse de La cigale autour d'un vin blanc frais. 
Nous restons en famille ensuite à savourer le thon cuit au barbecue  : un délice!
Ce soir Talitha s'endort seul devant la plage du Mimbeau...


















































dimanche 6 août 2017

350 derniers milles vers le phare

les 350 derniers milles : La Corogne-Cap Ferret

   Nous partons comme prévu vers 19h après un arrêt au ponton gasoil.  Nous avons encore de la 3G et Nico aussi. Alors nous continuons encore à communiquer pendant les premiers temps de cette nav où nos chemins se séparent. Je suis heureuse de les avoir au téléphone, de papoter avec ma copine. Je n’ai pas l’impression que la prochaine fois qu’on se voit c’est à terre. Il va falloir s’y faire …
    Et puis plus de 3G, mais nous avons des minutes iridium à écouler ce qui nous permet de nous appeler les deux premiers jours de nav. Un peu comme d’habitude en fait … 
Les premières heures sont un peu éprouvantes  avec une bonne houle et peu de vent : nous sommes secoués au sens propre et au sens figuré… Les enfants partent dormir sans manger. Ce soir ce sera pain et jambon, je n’ai la force de rien.
   Et puis ça se calme la nav devient sympa. Le vent est là. Les jours suivants sont agréables quoiqu’un peu frais. Les enfants mettent la ligne à l’eau  et samedi après midi le bruit du moulinet fait sortir tout le monde dehors  : un beau thon au bout de la ligne. C’est l’euphorie dans le bateau car c’est le premier thon du voyage. Mieux vaut tard que jamais. Juste le temps de nettoyer le sang dans le cockpit et ça recommence : un second encore plus gros mord ce fameux poulpe rouge! On les aura eu nos thons car jusqu’à présent on était plutôt spécialisé en daurade coryphène. Le repas des retrouvailles en famille dimanche soir est assuré! Difficile de les faire rentrer dans le réfrigérateur. Il y en aura pour tout le monde c’est qu’on est nombreux à table! Dix sept et demi…
   Cette nav retour a un petit goût de dernière : dernière pêche, dernier apéro, dernier coucher de soleil, dernière nuit, dernier quart. Tout est un peu le dernier…Nous sommes tous les cinq dehors et nous savourons nos derniers milles sur Talitha. Nous sommes très émus, des larmes coulent. Nous avons de la peine en pensant que tout cela est derrière nous maintenant mais il y a aussi des larmes de joie d’avoir vécu tous ces beaux moments ensemble en famille. L’émotion est à son comble ce soir sur notre Talitha qui nous aura fait voir tant de choses… Nous sommes contents de notre bateau même si parfois Cédric l’aurait bien coulé! Nous félicitons nos trois garçons d’avoir été aussi courageux, d’avoir su nous donner leur joie de vivre au quotidien, de ne s’être jamais plaint dans les moments parfois un peu peinibles et surtout d’avoir été de très bons équipiers. Nous sommes fiers d’eux et espérons que cela leur aura donné le goût du voyage, la force de réussir de belles choses en pensant que rien n’est impossible. Nous sommes heureux de s’être fait ce très très beau cadeau. C’est gravé pour toujours dans nos mémoires. Et si c’était à refaire? Que changerions nous? Et bien rien , nous partirions juste plus longtemps… 


Nous sommes à quelques milles du Cap Ferret. Il est 6 heures en ce dimanche 6 aout 2017. Je ne vais pas tarder à réveiller Oscar pour son quart pour qu’il voit la lumière du phare de Cap Ferret. Tout à coté « La Cigale » dort encore. Hier était le dernier jour de notre voyage, de notre aventure. Aujourd’hui est le premier jour de notre retour. 



















dernier coucher de soleil

Le jour se lève sur le Cap ferret







le dernier "W4L W4L de Talitha" ...

du 31 juillet au 3 aout 2017 : La Corogne

    Ces quelques jours à La Corogne sont les derniers avec nos amis Wind4Life. Nous profitons des boutiques avec Yaël pour faire un peu de shopping  : nos vêtements ne ressemblent plus à rien après un an en bateau. Il est temps de renouveler notre garde-robe pour notre plus grand plaisir. Pendant ce temps Nico et Cédric partent en vélo au magasin de bricolage en roulant sur l’autoroute direction Madrid! Toutefois, ils ne paieront pas le péage …  Ils ont encore quelques petits travaux sur les bateaux. Les enfants font des monopoly, du skate, du vélo sur l’esplanade toute proche. Les soirées se passent entre tapas et apéro au bateau. Nous retrouvons Sème Le Vent, un bateau voisin de ponton de La Rochelle que nous avions quitté à Gijon l’année dernière. Enfin ex-voisin de ponton car pour le moment  Talitha n’a pas de place au port de La Rochelle ni même en visiteur avant fin octobre en raison du Grand Pavois et de la Mini Transat…Talitha ira quelque mois à Port Médoc en attendant.
    Et puis mercredi, tout s’accélère. La météo indique qu’il aurait fallu partir aujourd’hui ou au plus tard demain, après c’est pas bon du tout. Nous savions que nous allions nous séparer ici mais c’est trop tôt! Nous pensions avoir encore la fin de la semaine, encore le temps de faire un mouillage… Nous avons beau étudier toutes les solutions, il n’y en a qu’une de bonne : Nico, Yaël, Yanic et Lola partent demain midi pour l’île d’Yeu et  nous demain soir pour le Cap Ferret avec les marées comme second paramètre pour franchir la passe. Nous n’avons pas eu assez de temps pour profiter des derniers instants… Bien que cela fasse environs 300 jours que nous partageons, nous avions encore besoin de quelques jours supplémentaires. Yaël a le cafard. Moi je me change les idées en faisant du shopping. Je n’arrive pas du tout à être triste tant je ne réalise pas que c’est la fin. Impossible d’admettre que nous n’allons pas faire la nav ensemble et que nous n’allons pas nous voir au prochain port ou au prochain mouillage. Tellement impossible que je ne suis pas du tout affectée. Mon cerveau refuse tout ça. Nous faisons une soirée tapas avec les enfants qui rentrent seuls au bateau pendant que nous flânons sur la grande place de La Corogne où se joue un concert. Nous les retrouvons tous en train de s’installer pour dormir ensemble dans le cockpit de Wind4Life. Un peu comme aux Bahamas mais il fait beaucoup moins chaud… Pour eux aussi les séparations ne sont pas faciles. Que de fous rires, que de sauts dans les eaux turquoise et chaudes, de plongeons, de coup de palmes, de plongées, de soirées ciné, de parties de monopoly partagés cette année avec Yanic et Lola mais aussi avec Robin, Marius, GianLuca, Elisa et Linda… Ils ont mené leur petite vie souvent sans nous, occupés à jouer entre eux. Quelle belle petite troupe! Sûrement des amis pour toujours quand on partage autant de si belles choses et de moments aussi uniques. 
    Le jour tant redouté est arrivé. Nous nous retrouvons sur Talitha pour un ultime brunch. Nous n’avons pas besoin de beaucoup nous parler pour savoir que c’est dur, très dur pour tout le monde. Nous savons que nos amis font partie intégrante de la réussite de ce beau voyage. Nous sommes tous persuadés que sans cette belle rencontre, le voyage n’aurait pas eu la même saveur, n’aurait pas été aussi génial. Nous sommes tristes, très tristes mais tellement heureux de cette glace partagée à Porto Santo, de cette partie de foot entre enfants pendant que les parents savourent une bonne sangria  : Sea You, Wind4life et Talitha. Puis un peu plus tard aux grenadines, ce sera  Kéraban le têtu (se prononce Têtou!) qui nous accompagnera jusqu’aux BVI. Nous n’avions pas pensé voyager en flottille, ça s’est fait tout seul très naturellement. Jamais il n’y a eu de problème ni entre nous ni entre les enfants. Tout a toujours glissé très facilement. Nous sommes bien ensemble, tout simplement.
    Les « Au revoir » sont difficiles et le mot est faible : les gorges sont nouées , les larmes coulent pour tout le monde. Les embrassades sont fraternelles. Nous ne nous parlons que très peu. Pas besoin. Wind4Life quitte sa place de port et s’engage vers la sortie. Nous l’accompagnons de nos yeux pleins de larmes. Wind4Life , Nico, Yaël Yanic et Lola  disparaissent derrière la jetée du port. Voilà … Nous restons seul. Quel vide ça laisse … Nous sommes tous un peu épuisés de tant d’émotion et nous avons du mal à nous activer pour notre départ de ce soir. Mais il faut bien. Nous continuons à communiquer par VHF, par WhatsApp… impossible que tout s’arrête en un instant. Nous nous quittons sur un dernier "Wind4life Wind4life de Talitha" à la VHF …. cette fois-ci c’est vraiment le dernier.
     Mais quand une chose s’arrête, c’est pour laisser place à d’autre : nous avons bien sûr plein de projets et surtout celui de nous retrouver, en France , en Belgique, en Suisse peu importe mais se retrouver. Cédric attend avec impatience sa quatrième transat sur Sea You , projette des nav avec Vartan et Nico sur Kéraban... 

    Mais maintenant, il faut penser à retrouver ceux qui nous attendent depuis un an. Nous ne les avons pas oublié. C’est parce que ils nous ont beaucoup manqué qu’on a dû coller Wind4Life comme une moule à son rocher !  À très vite !